« Les élus locaux ont compris qu’on ne reconstruirait pas la ville comme avant »

Vous écrivez que «la ville de 2050 est déjà là à 80%». Mais alors de quelle marge de manœuvre disposons-nous pour impulser les transformations nécessaires?
Sylvain Grisot: On est même autour de 85%, mais l’idée est claire: construire la ville prend très longtemps. Entre l’idée d’un quartier et sa livraison, il faut globalement vingt-cinq ans. Ce qui veut dire qu’un quartier qui existera en 2050 est déjà localisé, amorcé, souvent désigné dans un PLU. Ce qui se vendait bien ces dernières années, c’était le neuf. Or, concrètement, nous n’avons plus le temps de construire massivement du neuf d’ici 2050. C’est pourquoi il faut relativiser cette place du neuf dans les discours, puisqu’il ne représentera que 15-20% de la ville de 2050. Et il faut bien être conscient que les objectifs assignés à cet horizon (neutralité carbone, adaptation au changement climatique, résilience…) concernent l’ensemble de la ville. Se focaliser sur les 15-20% restant à construire n’est pas à l’échelle du problème et ne résout pas ce qui relève de la ville existante. Le vrai sujet, c’est comment on adapte le patrimoine bâti. Je ne dis pas qu’il ne faut plus construire, ni renoncer aux efforts sur la construction neuve bas carbone, biosourcée et bien située, mais cela ne suffira pas à atteindre les objectifs.