Ordre des géomètres-experts
« Cette présidence n’aura de sens que si elle est portée collectivement »

Vous venez d’être élue à la tête de l’Ordre des géomètres-experts. Que ressentez-vous?
Séverine Vernet: Avant tout, de la gratitude. Etre élue à l’unanimité par mes pairs est un signe de confiance fort. Cette présidence n’aura d’ailleurs de sens que si elle s’inscrit dans une dynamique collective. J’éprouve aussi une fierté personnelle, car cela concrétise plusieurs années d’engagement.
Cette élection change-t-elle votre manière d’aborder la fonction?
S.V.: Oui, radicalement. En tant que présidente intérimaire, je terminais un cycle. Aujourd’hui, je peux porter un projet. Je me sens pleinement responsable, avec la légitimité requise pour engager les transformations nécessaires.
Quelles valeurs souhaitez-vous incarner?
S.V.: La transparence et la proximité. J’aimerais qu’à la fin de ce mandat, les géomètres-experts se sentent davantage associés aux décisions. L’organisation actuelle crée parfois une distance entre les instances nationales et le terrain. C’est pour cela que nous avons lancé les Assises ordinales qui se tiendront à la rentrée: il s’agit de casser l’isolement et d’instaurer un dialogue plus direct avec les conseils régionaux.
Vous avez engagé une réforme de la gouvernance. En quoi consiste-t-elle?
S.V.: Nos commissions travaillent bien, mais parfois trop en silo. Il faut inverser cette logique: définir une vision stratégique commune qui permettra d’articuler les travaux des commissions. Cela renforcera la cohérence de notre projet. Nous allons aussi engager un important travail de simplification et de clarification de nos textes.
Vous avez souhaité définir une raison d’être pour l’Ordre. Pourquoi?
S.V.: Cela permet de mieux justifier l’existence de notre profession réglementée. Nous ne sommes pas là par tradition, mais parce que nous avons un véritable rôle à jouer vis-à-vis de la société. Cette clarification améliore notre lisibilité, en interne comme à l’extérieur.
Quelles sont vos priorités en matière de formation?
S.V.: Il faut aider les confrères à acquérir de nouvelles compétences, notamment en matière de sobriété foncière et de recomposition urbaine. Une partie de la profession est déjà engagée, mais pas toute. Je suis en outre convaincue que notre métier doit évoluer vers une approche plus urbaine et qualitative de l’espace.
Et sur le plan technique?
S.V.: La topographie doit rester un pilier. Même si les outils se simplifient, notre niveau d’expertise ne doit pas se diluer. L’expertise judiciaire mérite aussi d’être davantage investie: elle reste trop marginale dans nos pratiques.
Souhaitez-vous développer de nouveaux partenariats publics?
S.V.: Oui, notamment autour du registre des actes fonciers, qui mérite d’être mieux valorisé, car il contribue à la gestion du patrimoine foncier national.
Quel est votre regard actuel sur la structuration des cabinets?
S.V.: Il semble qu’on observe une polarisation: d’un côté, de grandes structures; de l’autre, de toutes petites. Nous manquons sans doute de structures de taille intermédiaire. Cette question est loin d’être neutre, car elle interroge directement la question de l’équilibre de notre maillage territorial. Il faut également réfléchir à l’avenir du modèle libéral et à la capacité des cabinets à répondre aux nouveaux défis.
Vous êtes la première femme élue à la tête de l’Ordre. Que souhaitez-vous transmettre à ce sujet?
S.V.: Cette élection est déjà un message en soi. J’espère que cela encouragera d’autres femmes à s’engager. Elles ont toute leur place dans les fonctions de représentation. Je ne suis pas militante mais, si mon parcours peut servir de déclencheur, alors je l’assume pleinement. Nous devons tendre vers une vraie parité dans la profession, et je suis consciente du chemin qu’il reste à parcourir.